Le design produit est une branche du design qui se focalise sur la création d’objets physiques ou numériques qui ont une fonctionnalité et une utilité.
Le design est un terme large qui englobe plusieurs disciplines, design dintérieur, UX, UI, industriel, produit, graphique, mode… et la liste est longue.
Jean-Emmanuel Séré est l’invité de Christian Belala avec un échnge passionnant pour démystifier le design produit.
Le processus de design produit suit une méthodologie centrée sur l’utilisateur.
Un designer produit doit avoir à la fois des compétences techniques, créatives et relationnelles.
Il doit maîtriser les outils et les méthodes du design, avoir une sensibilité esthétique et une capacité d’innovation, savoir travailler en équipe et communiquer efficacement avec les parties prenantes du projet.
Il doit aussi avoir une bonne culture générale et une curiosité permanente pour se tenir au courant des évolutions technologiques, sociétales et environnementales.
Jean-Emmanuel partage dans cet échange sa passion de son métier et nous démystifie au travers de son regard pertinent cette activité captivante.
Bonne écoute 🎧
A retrouver sur toutes les bonnes plateformes de balado :
Et comme tous les épisodes, il est disponible en NFT :
Le design produit
Transcription de l’échange
La voix est importante et cet échange naturel et spontané le démontre.
Et il est autant important que cet échange, comme pour tous contenus, soit accessible à tous y compris les personnes en situation de déficience auditive, ou plus largement à celles et ceux qui préfère lire.
Voici la transcription de l’échange,
Christian :
Je suis ravi de vous retrouver.
Je suis Christian Belala et j’ai décidé de vous partager tout ce qui me fait vibrer.
Mon ambition est de vous embarquer dans un voyage passionnant au travers de mes centres d’intérêts avec peut-être à la clé certains sujets qui résonneront en vrai.
Alors, installez-vous confortablement et laissez-vous guider.
Aujourd’hui, je vous invite dans l’univers du design.
Oui, vous savez, c’est ce terme que l’on entend ou même employons souvent.
Ce terme design est mis à travers toutes les sauces au risque de confondre dans les esprits des métiers bien différents.
Parmi ces derniers, nous croisons des métiers comme designer UX, designer UI, industriels, produits, graphiques, d’intérieur… et la liste est longue.
Leur point commun ?
La créativité, il me semble.
Mais revenons peut-être sur ce qu’est un designer.
Un designer est un professionnel créatif qui se spécialise dans la création et la conception de solutions visuelles, fonctionnelles, esthétiques pour divers produits, systèmes ou expériences.
Le rôle du designer est de résoudre des problèmes et de répondre aux besoins des utilisateurs en combinant des éléments tels que l’esthétique, la fonctionnalité, l’ergonomie et l’utilisabilité.
Les designers peuvent travailler dans différents domaines tels que le design graphique, le design industriel, le design d’intérieur, le design de produits, le design interactif, le design d’expérience utilisateur que l’on nomme couramment design UX, ou encore le design d’interface utilisateur, du design UI, et bien d’autres.
Le processus de conception d’un designer implique généralement plusieurs étapes, allant de la recherche et de l’analyse des besoins à la génération d’idées et de concepts, en passant par le prototypage, le test et la finalisation du produit ou de l’expérience.
Les designers utilisent des outils, des techniques spécifiques pour communiquer visuellement leurs idées, tels que des logiciels de conception, des maquettes, des prototypes physiques ou virtuels, et des présentations visuelles.
L’objectif ultime d’un designer est de créer des solutions qui soient à la fois fonctionnelles, esthétiques et centrées sur l’utilisateur, afin d’améliorer l’expérience des utilisateurs, de résoudre des problèmes et de susciter une connexion émotionnelle avec le public.
Mais alors, le designer produit dans tout ça, est-ce vraiment différent?
Ne fait-il pas de l’industriel ou de l’UX?
Et bien pour répondre, je me suis dit qu’il serait pertinent d’entendre la voix d’un designer produit.
C’est ainsi que j’ai le plaisir d’accueillir mon ami et professionnel de ce métier bien particulier, Jean-Emmanuel Séré, connu dans le monde digital sous quatre latres.
Jean-Emmanuel, bonjour et bienvenue.
Jean-Emmanuel, tu es donc designer produit.
Dis-moi en plus, est-ce que j’ai fait bonne route dans ce que j’ai dit juste avant, ou ai-je fait fausse route complètement ?
Jean-Emmanuel :
Ah si, tu as fait bonne route.
Tu as été très explicite dans tout cet univers foisonnant du design qui est plein de belles choses et plein de découvertes, plein de choses qui changent, qui évoluent avec le monde du numérique, avec le monde de la technologie, le monde de l’innovation.
Et donc c’est un métier qui, enfin comme tous les métiers, mais c’est un métier qui a tendance à devenir de plus en plus numérique.
Christian :
Mais exactement, qu’est la différence entre le design de produit et le design en général?
Y en a-t-il une d’ailleurs?
Jean-Emmanuel :
Pour moi non.
Je dirais qu’il n’y a pas de différence dans le sens où on doit réfléchir en fonction de l’utilisateur.
Après que ce soit du produit, du graphisme, de l’UX, pour moi la démarche reste la même.
Donc c’est s’intéresser aux besoins du client.
Alors le client c’est qui?
Quand on est indépendant, est-ce que c’est la société pour laquelle on va travailler ou est-ce que c’est la personne qui va utiliser?
Donc pour nous il y a des choses différentes.
Alors ce n’est pas un petit grain de folie qu’il faut avoir par rapport à ça, mais parfois on peut se poser la question.
Mais ce qui est important c’est d’avoir l’utilisateur au centre de sa démarche.
C’est-à-dire que quand je vais faire quelque chose, quand je vais dessiner quelque chose, je vais me poser la question de est-ce que je le tiens de la bonne manière, est-ce que la personne va l’avoir bien en main, est-ce qu’il est préhensible sans souci, est-ce que ce n’est pas trop lourd, si c’est quelque chose que tu as dans la main.
Ce qui est intéressant, c’est que tu dois, donc il y a cette partie-là, donc qui est sur les usages, et puis après il y a la partie de la marque, c’est-à-dire que mon produit représente ma marque, donc qu’est-ce qui fait la différence, qu’est-ce qui fait que je vais savoir que ce produit est identifié à la marque.
Donc pour moi, j’avoue que, moi je dis que c’est une approche globale, c’est une approche de design global dans laquelle on prend en compte à la fois l’aspect esthétique, l’aspect d’usage et puis l’aspect de reconnaissance.
Christian :
C’est très intéressant.
Tu l’as souligné, c’est l’utilisateur qui est au centre du début à la fin.
Au niveau du design, quelle est la différence exactement?
J’ai compris que tu crées des produits, des interfaces, tu les prends en main.
Là, ce n’est pas virtuel, ce n’est pas une interface graphique pour des sites web.
Ton métier, c’est plus design UI, je crois, ou UX.
Et toi, c’est plus design produit.
Qu’est-ce qui différencie vraiment les métiers entre les deux, à part vraiment l’utilisateur?
Jean-Emmanuel :
Alors moi, je n’ai pas réellement fait de l’UX.
J’ai fait de l’interface, mais je n’ai jamais fait de l’UX.
Donc je ne peux pas…
Je ne vais pas expliquer ce qu’est l’UX.
Je ne vais pas te dire ce qu’est l’UX, mais je peux te dire ce qu’est pour moi le design industriel.
Dans le design industriel, il y a une part d’UX aussi.
C’est-à-dire que…
Moi, j’aime bien parler d’expérience pertinente, non pas d’expérience.
Quand tu te tombes quelque chose sur le doigt, tu vis une expérience.
Après, l’expérience, il faut qu’elle soit pertinente dans le sens où tu ne vas pas te servir d’un produit une seule fois.
Ce n’est pas un usage unique.
En général, quand tu fais appel à un designer pour construire un projet, c’est parce que c’est quelque chose dont tu vas te servir de manière récurrente.
Comment ça va intervenir tous les jours?
Quels sont les points de friction, les gènes que tu vas avoir?
Ce sont des choses qu’il va falloir gommer.
Après, je dirais que ce soit en termes de UX ou en termes de préhension, la réflexion est la même.
On va chercher là où ça ne va pas.
Parce que finalement, pour résoudre un problème, il faut le trouver.
Et puis il faut trouver le bon problème.
Donc ça c’est le préalable à toute démarche.
C’est-à-dire que quand quelqu’un vient te voir avec un problème, il faut s’assurer que la réponse que tu vas faire correspond au problème qui est.
Parfois, le problème que tu as n’est que la conséquence.
Ça peut être une malfonction ou d’une mauvaise chose.
Il faut dans un premier temps s’assurer avec ton client.
Moi je dis client parce que je suis indépendant.
S’assurer qu’on est bien sur la bonne problématique.
Pour moi, le principal c’est véritablement de se dire ça.
Ensuite, une fois qu’on a réussi à décrypter tout ça, on peut aller de l’avant et travailler petit à petit à améliorer, à voir avec le client qu’est-ce qu’il veut, qu’est-ce qu’il a.
Il faut arriver à trouver des manières qui te permettent d’améliorer, de pouvoir faire une discussion sur ce qui est le problème, comment tu le veux, comment tu le vois.
Parce que souvent on arrive en se disant que je veux un produit sexy.
Concevoir un produit, c’est rentrer dans un univers, rentrer dans l’univers d’une marque.
Ce qui est intéressant, c’est là où finalement on peut revenir un petit peu vers l’UX et l’UX research.
C’est pareil finalement avec les réseaux sociaux.
Quel est le ton de la marque?
Qu’est-ce qu’elle véhicule?
Par rapport à ça, on va interroger, on va convoquer des imaginaires qui vont être ceux de la marque pour pouvoir dire, en fait quand tu vois la marque, quand tu la vois en rayon ou quand tu l’as en main, tu sais que c’est un produit, que c’est de telle marque.
Christian :
C’est super en fait, c’est un métier où vraiment tu t’imprègnes de ton client, des marques, des besoins.
Tu essayes d’identifier parce que ce n’est pas évident.
Ce que tu disais justement, on te demande un produit, je voudrais un produit, donc c’est un peu le brief, un produit sexy.
J’ai souvent entendu, je veux un truc qui fasse un effet wouahou aussi, donc je pense que ça tu as dû l’entendre.
Donc c’est vrai qu’au niveau des compétences, donc je pense que du coup il y a vraiment un besoin d’écoute.
Et c’est pas juste un one shot, c’est ce que je comprends de ce que tu dis.
C’est vraiment des échanges, des interactions et ça se construit au fils du temps.
C’est pas juste on te demande un produit, un résultat, un livrable, je vous donne ça dans x temps.
Du coup tu as beaucoup d’interactions avec tes clients pour arriver aux résultats et tu les guides aussi peut-être, tu me diras si j’ai tort, tu les guides aussi peut-être dans leurs besoins qui ne peut-être n’ont pas vraiment identifié au début dans leurs demandes.
Jean-Emmanuel :
Oui, en fait le métier de designer, je trouve que c’est un métier que tu peux pas faire tout seul, c’est à dire que tu peux alors tu peux très bien décider de faire des objets, de créer ta marque ou d’être édité mais je trouve que le métier du design en fait c’est véritablement d’être en connexion avec les gens, c’est à dire de comprendre leurs besoins, d’aller chercher un peu plus loin qu’eux.
Parce que voilà, donc il y a des contingences économiques, c’est quel budget tu as pour produire ton truc, donc ça veut dire qu’est ce que tu utilises dans ton usine, tu vas pas demander à quelqu’un qui fait de la fonderie, de faire de l’injection plastique, tu vois.
Il faut faire avec le cahier des charges de la personne, c’est à dire savoir ce qu’elle a, quels sont ses moyens.
Après, si elle arrive en disant, voilà moi je vais faire quelque chose d’innovant, c’est ok.
Mais qu’est ce qu’on va mettre sur la table, c’est quoi le budget?
Parce que sans savoir, en posant des questions, tu vas pouvoir mettre des marqueurs qui vont être des guides et qui vont être des repères que tu vas pouvoir revenir chercher pour te dire en fait, voilà, on est sur un produit, on a défini telle et telle typologie, est-ce que là on est là?
C’est à dire que le produit, finalement, est-ce qu’il doit plaire?
Est-ce qu’il doit plaire?
Pas forcément.
C’est peut-être un produit qui l’est mais qui répond parfaitement au fait de l’appréhension, au fait de l’usage parce qu’il est léger, il est bien équilibré et ça va, c’est quelque chose qui est dans la main.
Et finalement tu l’oublies.
C’est à dire que le but d’un outil, finalement, le marteau, pourquoi il a cette forme-là aujourd’hui, c’est peut-être parce qu’on a trouvé le meilleur moyen de frapper sur un coup.
Je trouve que ça, c’est intéressant parce qu’on définit des choses et puis après, on vient les interroger.
On vient interroger ça.
Puis finalement, peut-être qu’on va s’apercevoir que ce marqueur-là, au début, il évolue parce que finalement, en faisant les choses, en évoluant, on peut se dire que finalement, ça, je n’en ai pas besoin.
Donc on peut l’enlever.
C’est pour ça que c’est très…
La phase pour établir un cahier-décharge design, ça augure le fait d’avoir un cahier-décharge fonctionnel, un cahier-décharge technique.
Et voilà.
Donc en fait, on va avec tous les gens qui sont dans les équipes, que ce soit des gens extérieurs, des sous-traitants, établir un dialogue pour s’apercevoir quels sont les besoins, qu’est-ce qu’on a, où on peut aller.
Et à partir de là, on essaye d’avancer avec tout le monde.
Et donc pour moi, dans la compétence design, il y a aussi une compétence facilitation.
Parce qu’on fait de la co-création.
On va attraper de la richesse chez les gens qui travaillent dans l’entreprise.
C’est-à-dire que le commercial, lui, il a des retours terrain.
Que l’ingénieur, il va dire voilà, on change de machine.
Donc il y a des choses qu’on peut faire, qu’on ne pouvait pas faire avant.
Donc voilà, on évolue et on va aller chercher une amélioration.
Ou alors, je ne sais pas, moins de plastique, plus de pression.
Quelque chose qui va durer plus dans le temps, qui va être recyclable.
Et puis voilà, parce que ça aussi, c’est quelque chose qui devient une priorité aujourd’hui.
C’est-à-dire comment on va rendre l’appareil plus fiable dans le temps.
Et comment on va faire pour le concilier dans le cycle de vie.
Parce que finalement, l’appareil aujourd’hui, on sait qu’il va avoir une certaine durée, qu’il va avoir des pannes.
Est-ce qu’on fait en sorte que ce soit réparable?
Ou est-ce que…
Après tu sais, je suis un maître d’œuvre, mais je n’ai pas la responsabilité finale du chose.
C’est-à-dire que moi, je fais des propositions et finalement, mon client va décider.
Parfois, je peux être en contradiction et ne pas être d’accord, mais c’est compliqué.
Voilà, il y a des choses, il y a des décisions qui malheureusement ne m’appartiennent pas.
Tout se fait dans l’échange ensuite avec le client, l’eau ou les clients et puis les utilisateurs finaux, je pense aussi.
Christian :
C’est passionnant ce que tu nous décris, comme métier.
Donc c’est vrai qu’au niveau compétence, j’en ai reçu, mais il en faut une multitude.
Parce que tu as parlé de plastique, de métal, mais pas que.
Il faut que tu aies des connaissances, une maîtrise, des caractéristiques physiques, mécaniques, des produits que l’on peut utiliser pour chaque conception, style de plastique, il peut être plus ou moins résistant, pareil pour le métal.
l’aspect visuel aussi, je pense qu’il est important.
Là où tu as vraiment ta maîtrise, donc il faut vraiment une multi compétence.
C’est un peu ça?
Jean-Emmanuel :
En fait oui, c’est quelque chose que tu apprends à l’école.
Donc tu as des cours de matériaux, tu vas apprendre les plastiques, les métaux, le bois.
Tu vas apprendre qu’est-ce que tu peux en faire, ce qui sont réutilisables ou pas.
Tu vois, il y a cet aspect là et aussi de comprendre et puis de fait d’échange parce que je n’ai pas la prétention de tout savoir.
Et s’il y a des gens ingénieurs en plasturgie, c’est bien parce que le plastique, c’est fantastique, quelque chose de très particulier et que tu peux pas être spécialisé sur certaines choses et qu’il y a des plastiques qui sont résistants à la température, il y en a d’autres qui ne le sont pas du tout.
Et tout ça, ça a des incidences sur la manière dont tu vas produire, sur tes moules, sur l’injection et voilà.
Donc c’est pour ça que moi je dis que c’est de la facilitation dans le sens où on a besoin des autres.
Donc on on pourrait dire un chef d’orchestre, parce que finalement l’idée c’est que chacun arrive à avoir le même diapason et à faire une musique qui roule bien.
On peut faire le rapport entre le design et la musique aussi, sans toucher au design sonore bien sûr.
Christian :
Qui est un peu différent, bien que.
J’adore ce terme, chef d’orchestre, c’est exactement ça.
Jean-Emmanuel :
J’ai bossé chez des constructeurs automobiles sur des pièces techniques comme des capots moteurs.
C’est un travail de conception technique.
Tu vas faire en 3D une pièce que tu vas la soumettre à un bureau d’études qui est l’ingénierie moteur.
Il y a le moteur et puis il y a tout ce qui passe avec tous les câblages, tous les trucs et tout ça.
Par exemple, tu fais des allers-retours, c’est-à-dire que tu soumets ta forme.
Ils reviennent et te disent que ça, on ne peut pas là parce qu’il y a le turbo.
Donc il faut qu’il y ait un espace de tant de centimètre parce que sinon ça va trop chauffer.
Il n’y aura pas de choses.
Donc tu vas reprendre des choses, tu vas essayer de relever, tu vas retravailler ta forme.
Puis après tu vas voir arriver des câbles.
Donc tu vas revoir des fins.
Là c’est un petit peu, c’est pas très beau mais c’est pas très sexy.
Mais c’est la réalité de la chose.
C’est-à-dire qu’à un moment donné, il va falloir aller voir.
Tu peux faire des allers-retours, tu fais de l’itération en fait.
Mais à un moment donné, il faut savoir se poser les bonnes questions.
Moi je suis garant d’une pièce qui doit être celle-là.
Mon but est que cette pièce soit le moins touchée.
Donc je vais aller discuter avec les ingénieurs en leur disant écoutez, j’ai un problème parce que ce que vous me proposez, c’est de faire un gruyère.
Donc ça va pas.
Enfin, que ce ne sera pas beau.
Le client quand il va soulever son capot, il va se dire à quoi sert d’avoir un joli cache moteur si le truc a des trous partout?
Donc finalement, tu vas impulser un dialogue et une concertation avec les gens en disant j’ai tel problème, qu’est-ce qu’on peut faire?
Est-ce qu’on peut faire passer sur le côté ou est-ce la forme qui ne va pas?
Donc on met les choses sur la table, il y a ça qui va, ça qui va pas, qu’est-ce qu’on peut changer?
Est-ce que vous pouvez passer?
Moi je regarde la forme, est-ce que c’est possible?
On trouve des solutions.
C’est un travail d’équipe.
C’est un travail où il faut faire de la proposition.
On regarde, on enlève, on fait.
Et donc c’est ce qu’on appelle de l’itération.
Pour moi, le cœur de toute démarche design, c’est l’itération.
De toute façon, que ce soit une démarche design ou une démarche d’innovation ou de création, c’est…
Je fais quelque chose, j’ai un résultat, il est bon, il n’est pas bon.
Qu’est-ce que je peux améliorer?
J’itère, je refais une proposition.
Finalement, c’est un petit peu ce que tu fais à la naissance quand tu apprends à marcher.
Tu commences à te mettre à quatre pattes, ensuite tu te mets à genoux, ensuite tu commences à te lever, tu commences par te tenir debout.
Et à chaque fois quand tu tombes tu fais une itération.
C’est-à-dire que tu apprends de l’échec.
Donc pour moi, c’est ça, c’est ce qui va faire la réussite d’un projet.
C’est le fait de se dire à un moment donné, je peux itérer.
Christian :
Super, c’est super passionnant.
Et c’est vrai que cette analogie avec la naissance, on peut se lever et tomber, puis corriger, réitérer, en tant que chef d’orchestre, ce que tu fais très bien, et du coup trouver, aboutir à un produit, à un résultat qui convient à tout le monde.
Et c’est vrai que j’ai entendu, donc l’exemple du capot est très bien, parce que là du coup j’imagine bien les contraintes qu’il y a, donc physiques, donc aussi bien tout ce que tu as expliqué, mécanique et chaleur et câble, mais aussi esthétique.
Et puis du coup aussi quand c’est les véhicules, je pense qu’il y a aussi l’aérodynamisme.
Donc là c’est encore une autre compétence, qu’il faut prendre un petit peu tout ça, mettre dans une grande marmite, tout mélanger.
Et puis là c’est qu’on a besoin d’un designer produits pour faire chef d’orchestre.
Jean-Emmanuel :
Il y a d’autres choses qui deviennent prégnantes.
Il y a ce qu’on appelle l’éco-conception.
C’est-à-dire voir le cycle de vie de ton produit, mais aussi se poser la question de est-ce que j’ai besoin de toute cette puissance pour me déplacer?
Bon, les gens qui aiment les bolides, ils ne vont peut-être pas apprécier.
Aujourd’hui, on est un petit peu à un moment charnière et il faut se poser les bonnes questions par rapport aux choses.
C’est-à-dire est-ce que j’ai besoin d’avoir une voiture qui fait deux tonnes et qui va me déplacer, qui va se déplacer, enfin que je vais déplacer.
C’est d’autant plus compliqué qu’on a toujours été, je dirais, je ne sais pas si c’est social ou culturel en fait.
On en arrive à générer des besoins.
Alors est-ce que le design a été fautif?
Oui, oui et non.
Enfin, on a fait avancer des choses.
Bon, il y a eu du confort, le bien-être, mais voilà.
La démarche de toute industrie, c’est de faire en sorte qu’on achète un produit souvent ou pas souvent à chacun de nos devoirs.
Et aujourd’hui, en fait, on se pose la question.
C’est-à-dire que de par la pollution que ça génère, de par l’impact que ça a sur la nature, il faut se poser la question de savoir est-ce qu’il faut continuer avec ce modèle-là ou changer.
En fait, l’idée, c’est pas de se poser la question, c’est de se dire est-ce qu’il faut revenir en arrière ou pas.
Enfin, on ne peut pas revenir en arrière, mais il ne faut pas aussi avoir cette idée que demain va être noir, demain ne va pas être bien.
On peut faire en sorte de couper certaines choses, mais je pense que le design peut être un vecteur de réflexion.
Parce que finalement, on a parlé beaucoup de design dans le sens d’esthétique, mais en fait le design, c’est aussi une réflexion sur comment collectivement on peut améliorer les choses sans forcément être dans une régression.
Parce que moi, innover, ce n’est pas le progrès à tout prix.
Innover, c’est se dire que l’on a une problématique, est-ce qu’on ne peut pas la traiter différemment ?
C’est pour moi ce qui est intéressant et c’est pour cela qu’il faut apporter un peu plus d’optimisme.
Christian :
Le design, à t’écouter, on s’en rend bien compte, ce n’est pas juste pour faire beau.
Ce n’est pas de la déco.
Donc c’est vrai qu’on a parlé des contraintes, d’identifier des besoins, donc des contraintes mécaniques.
Et puis aussi, tu l’as bien mis en avant, je trouve.
Et je vais insister dessus, c’est tout l’aspect RSE.
Et c’est vrai que c’est important.
Et au niveau de ton métier, justement, une fois que tu as fourni ton livrable, en gros, pour résumer, est-ce qu’il y a un suivi, est-ce qu’on te recontacte dessus ?
Est-ce que tu vois l’évolution ?
Est-ce que tu as des retours ?
Est-ce que l’utilisation correspond bien aux besoins ?
Et si les besoins ont évolué ou pas entre temps ?
Jean-Emmanuel :
Pour moi, c’est vraiment important de suivre un produit, même après sa sortie, parce que tu peux avoir des échos, tu peux permettre de…
Peut-être que les choses sont bien expliquées ou pas assez bien expliquées.
Et ça, ça peut être des vecteurs d’information.
C’est-à-dire, on peut très bien s’apercevoir que finalement les gens éprouvent des difficultés par rapport à certaines choses.
Mais est-ce qu’ils l’utilisent de la bonne manière ?
Alors après, c’est l’apprentissage.
Après, il y a l’apprentissage de l’effort pour se servir de quelque chose.
Après, finalement, ça peut être une erreur.
Ça peut être une erreur commise parce que finalement, peut-être qu’on a pensé que les gens…
Il y avait un certain nombre d’étapes et peut-être que les gens passent, de l’étape A à l’étape C sans forcément passer par B.
Du coup, ça leur génère un problème.
Je reprends l’exemple du marteau.
Il y a certains marteaux où tu peux mettre le clou, tu sais, ceux qui sont fendus.
Tu peux mettre le clou au milieu.
Et pam, tu…
En tapant, tu le fais.
Après, tu peux soit choisir de tenir le clou et de ne pas te taper les doigts.
Voilà, alors après tu peux…
Je pense que c’est un bon choix.
C’est un bon choix, donc voilà.
Pour moi, c’est important parce que parfois, qui ne s’est pas plein de la notice d’utilisation, d’ailleurs des notices d’utilisation sur certains trucs, il n’y en a plus.
Par exemple, tu achètes un smartphone, la notice n’y est pas, c’est une bonne chose parce que ça évite d’imprimer.
Mais voilà, il faut aller trouver la bonne information.
Soit tu vas essayer de le googler ou de le chercher dans les aides.
Mais voilà, ça veut dire qu’il y a un moment donné quelque chose qui a peut-être été mal conçu.
Donc il faut le voir.
Et puis je trouve que c’est intéressant de voir aussi si ce que tu as imaginé correspond à la manière dont il est utilisé.
Donc tu peux faire des tests utilisateurs.
Mais après dans la pratique, comment ça se passe?
Je pense que c’est quelque chose qui te permet de continuer à améliorer ton projet, ton produit pour une marque.
Et puis pour moi, c’est un vecteur d’échange et je trouve que c’est vraiment, c’est un point positif dans le sens où si tu es une marque et tu as l’écoute des gens qui l’achètent, ça va leur permettre donc d’améliorer les choses et de montrer.
Parce qu’aujourd’hui, il faut parler de ce qu’on fait, parler de ce qu’on va faire, parler de ce qu’on entend et puis dire ben voilà on va…
Tout ça ce sont des axes d’amélioration.
Alors après, bon, ça reste un monde de rêver.
Maintenant, il y a la réalité économique et parfois, tu n’es pas forcément reconsulté.
Mais moi, je trouve ça important, je dirais, de faire des briefs, de voir ce qui marche, ce qui n’a pas marché et puis de voir.
Mais c’est là où peut-être le temps du design intégré dans l’entreprise est aussi peut-être aussi important.
Parce que finalement, quand tu es intégré, tu peux suivre, tu peux voir comment ça se déroule, comment sont les choses.
Les marques aujourd’hui, je pense, ont très bien compris l’intérêt d’aller rechercher dans tout leur passé pour retrouver de la valeur.
les marques de luxe le font beaucoup, elles vont aller voir ce qui a été fait en termes de mode, en termes de choses.
Quelles ont été les choses qui sont ressorties sur une décennie avec un créateur.
Et de pouvoir venir les reprendre, les recodifier par rapport aux besoins d’aujourd’hui, par rapport au goût d’aujourd’hui.
Il y a toute une histoire d’écriture qui peut être en fait l’écriture.
C’est pas seulement le discours que tu vas voir.
C’est aussi pour une marque qui fait des objets, qui fait des produits.
C’est dire, ben voilà, moi je vais vous apporter ça, je travaille sur la notion de confort, sur la notion de c’est agréable à l’œil et tout ça.
Donc tout ça, c’est vraiment important, je reviens un petit peu sur cette notion de globalité, le design c’est global dans le sens où tu vas aller chercher.
C’est pas seulement je fais un objet et puis après voilà, c’est je fais un objet qui est le vecteur de communication d’une marque.
Et donc il faut que tout ça, ça se tienne.
Après, on n’est pas tout seul.
Il y a des gens qui font du marketing, des gens qui font de la vente.
C’est la manière de le vendre, la manière dont tu en parles et tout ça.
Je trouve qu’on fait partie de tout ça.
J’estime qu’il faut avoir une attention là-dessus.
Le avant à préparer, pendant que le produit est fait, donc toute la partie de test et vérification.
Puis le après, comme tu dis, qui est important.
Christian :
C’est vraiment un univers fabuleux et qu’est-ce qui est important pour toi, Jean-Emmanuel, dans tout l’univers de design?
Jean-Emmanuel :
C’est comme disait Jancovici, on est dans un monde fini.
C’est-à-dire qu’on a un monde qui a des limites et c’est important de s’interroger par rapport à cela.
C’est-à-dire de se dire, voilà, je suis dans une…
Il faut être centré sur le bain mais il faut être centré aussi sur notre écosystème, sur là où on vit et alors ce n’est pas pour faire de l’écologie mais c’est-à-dire qu’il faut prendre soin des choses.
Il y a des gens qui parlent de régénération, c’est-à-dire de rendre la nature telle qu’elle est mais pour moi j’ai un peu du mal avec ce terme là parce que je trouve que c’est très marketing et c’est-à-dire il faut réintroduire la nature, il faut un peu moins de béton ou alors du béton qui dégage moins de CO2.
Et l’innovation pour demain c’est quelque chose qui sera un peu plus vertueux.
C’est là où il faut aller.
Il y a beaucoup de choses qui changent sur le RSE, les entreprises à mission, les B corp.
C’est une bonne chose parce que ça doit nous pousser à repenser un petit peu le modèle.
Donc il y a un changement, maintenant tu vas trouver des produits que tu vas pouvoir louer plutôt que cacher.
Par exemple, on utilise une perceuse à peu près pour faire 10 trous dans sa vie.
Alors après bon ceux qui ont fait du placo ils vont rigoler.
Mais en fait là, c’est un changement de modèle dans le sens où on passe sur une économie de l’usage.
C’est-à-dire que tu vas louer quelque chose pour t’en servir.
Tu vois logiquement c’est plus sympa d’avoir une perceuse que tu vas emprunter à ton voisin.
Ou que tu vas louer chez Kyloutou ou peut-être chez Leroy Merlin.
Parce que le moteur sera performant.
Parce que le truc machin et tu arriveras plus facilement que de te dire ben voilà je vais je mets tant mais j’ai un truc bon ça va pas percer.
Si c’est du placo ça marche bien.
Si c’est de la brique je vais galérer.
donc c’est un véritable changement de modèle.
Par exemple, tu as une marque de chaussures de sport en fait qui loue ses chaussures.
C’est à dire que tu ne payes pas, tu n’achètes pas des chaussures, tu achètes le fait de courir avec.
C’est un abonnement mensuel et une fois qu’avec tes chaussures tu as fait tant de kilomètres, tu les renvoies et il te renvoie une nouvelle paire.
Mais la chaussure elle est faite de telle manière qu’elle est recyclable.
Parce que là aussi la problématique c’est que tu as des produits qui sont recyclables mais dans quelles conditions ?
Est-ce qu’il suffit de le mettre dans la terre et ça se dégrade ?
Ben non.
Ça c’est pas…
Tu vois c’est une autre manière.
Enfin il est recyclable dans le sens où tu l’amènes à l’usine, le truc il va fondre et tu vas pouvoir en faire des granulés qui vont être réinjectés et remis et réinjectés dans un moule et refaire un produit.
Donc tu vois tout ça c’est un apprentissage nouveau pour nous.
Et je trouve que c’est une bonne interrogation à avoir avec les entreprises.
Christian :
Merci Jean-Emmanuel pour cet entretien.
On peut te retrouver, on peut te suivre, en tout cas sur les réseaux sociaux.
@4lettres sur x.com, linkedin et tous les réseaux
Et bien merci Jean-Emmanuel pour cet entretien très instructif.
Jean-Emmanuel :
Merci à toi de m’avoir donné cette opportunité de parler de design.
Christian :
Nous en restons là pour cette fois-ci sur ce sujet passionnant du design.
J’ai adoré cet échange.
J’espère que vous avez apprécié vous aussi ce partage et nous écouter.
Et n’hésitez pas à votre tour de partager ou commenter selon votre plateforme.
Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver cet épisode, comme tous les autres, sur le site https://unpodcast.sinonrien.com.
Je vous remercie de votre écoute.
Restez connecté, restez passionné, et à très vite.
Soyez le premier à commenter